• Mon phare

    Mon phare

     

    Ce soir la brume s'est levée, elle a presque toute envahie les quais. Je me suis arrêter pour regarder les gros cordages du bateau arrimé. Plus loin sur une passerelle, des silhouettes d'hommes s'affaireraient à décharger des ballots encordés. De pas pressés ils descendaient et remontaient en la faisant trembler.

     

    Je les observais sans être assez proche d'eux, pour être vue. J'ai regardé autour de moi et me suis rendue compte que les gens avaient quittés les docks du port et que je me retrouvais seule.

     

    Puis le cri des hommes ramena mon regard vers eux. Cinq à six hommes descendirent et se dirigèrent vers de grosses caisses entassées non loin de moi. Je ne savais plus si je devais quitter les lieux ou rester sur place. Je ne bougeai point. Quand ils furent rendus près des caisses, sans me regarder, ils s'assirent et trois d'entre eux allumèrent une cigarette. J'étais assez proche pour entendre leur conversation et entrevoir leurs visages. Pourquoi tu reste là à les regarder, Vilaine curieuse!, ça te jouera des tours un jour ma fille, que je pensais.

     

    Puis je vis un des dockers qui me regardait, il avait lever les yeux sans même bouger la tête et il me fixait. Pour échapper à son regard, j'ai pris mon paquet de cigarette et en sortie une, je fouillais dans les poches de mon manteau pour trouver mon briquet que je passe mon temps à perdre, quand je le sentis tout près de moi. Relevant la tête je vis une flamme jaillissant devant mon visage et il souriait... *Du feu?* J'approchai ma cigarette et après l'avoir allumer je lui dit; *merci.* C'est là que je reconnue ses yeux. Les mêmes qui, il n'y avait pas cinq minutes, me fixaient. Des yeux...non pas des yeux bleus d'océan, comme tous les marins, où on voudrait se noyer... juste des yeux gris comme la pluie chaude d'un été.

    Un immense calme m'envahit à ce moment-là, il me dit; *Bonsoir* et retourna vers ses compagnons.

    Je pense que je devrais partir, il est assez tard et comme je suis seule, on ne sait jamais.

     

    Les gars ont commencer à se lever et quelque uns sont repartis, il était encore là avec un autre quand il s'est retourner pour me parler. *Tu ne devrais pas rester seule comme ça le soir, ce n'est pas bien*... Mes pensées se sont affolées et il a dû le sentir. *Je blaguais voyons*... *Moi, je trouve pas ça drôle* comme seule réponse. Il se rapprocha juste un peu, comme pour ne pas m'effrayer d'avantage. Il me dit; *je cherchais juste une façon de t'aborder, je m'excuse si je t'ai fait peur*...* Je n'ai pas peur, je viens souvent ici toute seule.* Mais bon sang que me prenait-il de lui dire ça. Il s'est rapprocher d'un pas et m'a tendue la main,* Bonsoir Bella, je suis Alexandre*

     

    On a parler cinq minute, juste des banalités, de la brume que je trouvais belle et au moment où je lui dis que je partais, il m'a dit... *Restes, je finis dans quinze minutes, si tu veux je te raccompagne et on parlera un peu.* J'ai dit oui. Il retourna au bateau et fit rebondir la passerelle en la remontant au pas de course.

     

    J'ai attendue tout en me disant que j'étais un peu cinglée d'avoir accepter. Quand je le vis revenir, toujours au pas de course, je n'étais plus sure de rien. On a marcher en direction de la rue qui mène au port, à peine six cent mètres. Il me parlait avec une telle douceur que mes craintes se sont dissipées. J'admirais son sourire, non que ce fût le plus beau gars que la terre ait porter mais quel charme il possédait.

     

    Il m'a raccompagné tout près de chez moi mais juste assez loin pour ne pas lui dévoiler l'endroit exact. Avant de partir il m'a dit qu'il ne repartait que dans quatre jours et aimerait me revoir. Il m'a laissé un numéro pour le rejoindre au cas... *Bien entendue, pour parler* qu'il a rajouté. IL s'est retourné et est repartit d'un pas lent, je l'ai regardé jusqu'à ce que sa silhouette disparaisse. Je me sentais bien. Rendue à la maison, j'ai serré mon manteau et fis couler l'eau dans la bouilloire pour la faire chauffer. Son sifflement me sortie de mes pensées, je coulai l'eau dans la tasse où déjà le thé l'attendait. Tout en faisant l'infusion je pensais à lui, tellement que ce soir je boirai du thé bien trop fort.

     

    J'ai eue du mal à m'endormir, il prenait trop de place dans ma petite tête. Quand je me levai le lendemain matin je vis, en passant, sur la table le bout de papier que la veille il m'avait donné. Il n'allait toujours pas me hanter à ce point. Tout au long de mon déjeuner je me demandais si ce serait convenable ou pas de l'appeler, après tout il avait bien dit; *pour parler* Rien dans ses paroles m'ont fait croire que je pourrais avoir affaire à un détraqué ou pire un maniaque au couteau. Ah j'ai  trop d'imagination.

     

    Toute la matinée, j'ai vaquée à mes occupations dans la maison, mais ce petit bout de papier me dérangeait. Chaque fois que je le voyais je tendais la main pour le prendre mais je me refusais de le faire, pourquoi ne pas le jeter et oublier ça. Impossible. Quand enfin dans l'après-midi je sortis prendre une marche, je le glissai dans ma poche. Le printemps s'annonce d'être beau avec le soleil qui réchauffe mon visage. J'ai marché sans but précis et en passant au coin de la rue qui mène au port j'ai entendue crier...

     

    *Bella, hé, Bella* C'était lui.

     

    Il est arrivé à mes côtés en courant. *Tu tiens la forme, tu cours toujours*

    En soufflant il me dit avec son merveilleux sourire...*Je cours juste quand je te vois* et je me suis remise à marcher. Il se tenait près de moi, je pouvais sentir l'eau de cologne qu'il avait mis après s'être raser. Le vent jouait dans ses cheveux châtains qui commençaient à grisonner sur les tempes. Nous avons marcher, marcher. En passant devant la pâtisserie, il me tira par la main et me fit entrer , il riait de son mauvais tour qu'il venait de me faire. Moi aussi. La dame derrière le comptoir lui servait ses éclairs au chocolat et à la crème quand elle lui demanda,*et votre femme elle a choisit* Nos regards se sont croisés et un fou rire incontrôlable s'est envahie de nous, je lui ai désigner du doigt une brioche et nous sommes sortis en éclatant de rire comme deux gamins.

     

    Nous nous sommes quittés en fin d'après-midi en se donnant rendez-vous le lendemain au même coin de rue. Il m'a embrassé sur la joue en me tapant un de ces clin d'oeil.

     

    Durant son séjour on s'est vus tous les jours et il a dû repartir. Je suis allé au port pour le voir avant qu'il monte sur son bateau. Nous n'avons presque pas parler, il m'a pris la main pour la première fois et en silence on a marché sur le quai. Rendus près de la balustrade, il m'a regardé, il a glissé sa main dans mes cheveux et a déposé un baiser sur ma tempe en me serrant contre lui. Mon coeur voulait se jeter à l'eau pour l'empêcher de partir mais c'aurait été de la folie. Une si belle folie...

     

    Il m'a dit *Je reviendrai* et il est parti.

     

    Il est revenu. Depuis ce jour, il revient toujours. Même si entre nous, aucun amour est né, il y a une merveilleuse et tendre amitié.

     

    Je l'aime pour ce qu'il est devenu. Il est comme un phare pour moi. Il est mon guide, celui sur qui je peux me fier pour jeter l'ancre. Quand la brume m'envahie, je sais reconnaître où est le bonheur.